Le retour de l’ancien président est permis par son acquittement de crimes contre l’humanité par la CPI et le feu vert de son rival, le président Alassane Ouattara

Le retour de l’ancien président est permis par son acquittement de crimes contre l’humanité par la CPI et le feu vert de son rival, le président Alassane Ouattara
C’est un retour qui doit symboliser la « réconciliation nationale » en Côte d’Ivoire. L’ancien président Laurent Gbagbo est attendu ce jeudi dans son pays qu’il avait été contraint de quitter il y a dix ans. Son acquittement de crimes contre l’humanité par la justice internationale et le feu vert de son rival, le président Alassane Ouattara, lui permettent de fouler de nouveau le sol ivoirien.

Laurent Gbagbo, 76 ans, rentre par un vol régulier venant de Bruxelles où il vit depuis son acquittement par la Cour pénale internationale (CPI) en janvier 2019, confirmé en appel le 31 mars. L’atterrissage est prévu à 15 heures 45 à Abidjan. Il sera accueilli au pavillon présidentiel de l’aéroport, mis à sa disposition par le chef de l’Etat en signe de bonne volonté, par des dirigeants de son parti, le Front populaire ivoirien (FPI). Plusieurs dizaines de notables devraient être présents.

Après son arrivée, l’ex-président se rendra dans le quartier d’Attoban, où se trouve son ancien QG de campagne pour l’élection présidentielle de 2010, selon un communiqué du FPI qui invite « les membres de la direction du parti » à s’y rendre pour l’accueillir. Entre l’aéroport et Attoban son cortège traversera plusieurs quartiers où la foule devrait pouvoir se masser pour l’acclamer.

L’ampleur de l’accueil de l’ex-président a été au cœur des récentes négociations entre le pouvoir et le FPI : le premier souhaitant qu’il soit sans « triomphalisme », le second qu’il soit populaire en permettant au plus grand nombre de ses partisans d’être présents dans les rues d’Abidjan. L’enjeu est la sécurité de Laurent Gbagbo lui-même mais aussi d’éviter tout débordement et des violences dont les deux camps ne veulent pas.

La crise de 2010
Des habitants ont commencé à manifester leur joie avant son arrivée. A l’opposé, ses adversaires estiment toujours qu’il a précipité son pays dans le chaos en refusant sa défaite face à Alassane Ouattara à la présidentielle de 2010. Ce refus a provoqué une grave crise post-électorale, pendant laquelle quelque 3.000 personnes ont été tuées. Laurent Gbagbo, au pouvoir depuis 2000, avait été arrêté en avril 2011 à Abidjan puis transféré à la CPI à La Haye. Ses proches assurent qu’il rentre sans esprit de vengeance mais pour lui aussi œuvrer à la politique de « réconciliation nationale ».

Laurent Gbagbo reste par ailleurs sous le coup d’une condamnation en Côte d’Ivoire à vingt ans de prison pour le « braquage » de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) pendant la crise de 2010-2011. En annonçant début avril qu’il était libre de rentrer en Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara n’avait pas mentionné cette condamnation mais le gouvernement a laissé entendre qu’elle serait levée.