Les premiers albums de MC Solaar sont enfin réédités et accèdent aux plateformes, l’occasion de revenir sur sa curiosité inextinguible, ses références d’IAM à Public Enemy, l’odyssée du clip “Nouveau Western”.
“Qui avait le droit”
Quand il quitte sa première maison de disques dans les années 2000, “il n’y avait pas eu de décision ferme sur qui avait le droit de remettre sur le marché les premiers albums”, comme il le résume pour l’AFP.
La paix des braves vient d’être signée pour extirper d’un trou noir juridique de 20 ans ses opus originels, qui n’étaient plus réédités, ni disponibles sur les plateformes.
C’est un bonheur de redécouvrir “Qui Sème Le vent Récolte Le Tempo” (1991), ressuscité en juillet, et “Prose Combat” (1994) qui ressurgit ce vendredi.
Et voilà le quinquagénaire ravi de faire écouter ses “productions à l’ancienne” à la jeune génération.
“Il y a quand même 90 % de bon”, s’amuse-t-il. Il se réjouit aussi de voir le rap si populaire, loin de la “stigmatisation” des années 1990.
“Nouveau Western”: “On était sidérés”
Un des bijoux de “Prose combat”, c’est “Nouveau Western”, avec un sample de “Bonnie and Clyde” de Serge Gainsbourg. Une trouvaille de Hubert Blanc-Francard, sorcier de studio. Lui et son complice de la French Touch, le regretté Philippe Zdar (décédé en 2019), épaulent pour cet album le rappeur-auteur et son metteur en sons, Jimmy Jay.
Le single est servi par un clip qui fait date: un travelling fait passer MC Solaar comme par magie de Paris aux Etats-Unis.
“Le réalisateur Stéphane Sednaoui t’explique son idée, mais tu ne la comprends pas (rires). Je n’avais pas beaucoup l’habitude de voyager et on est partis à New York, Los Angeles, en Arizona entourés de vrais cactus”, se souvient L’As de Trèfle, un de ses surnoms.
“Moi je changeais de sape, j’essayais d’avoir une attitude +Snoopienne+ — j’aime bien Snoop (Dog) — pour donner une dynamique (rires). Quand on a vu le résultat, on était tous sidérés, c’est un super clip”.
“Hollywood berne”, “double tiroir dans le jeu de mots”
Dans “Nouveau Western”, on entend “Hollywood berne”, clin d’oeil à “Burn Hollywood Burn”, titre de Public Enemy en cheville avec deux autres figures du rap US, Ice Cube et Big Daddy Kane.
“C’est une chanson extraordinaire sur le manque de diversité dans le cinéma américain, je voulais faire une petite dédicace”.
Mais lorsqu’il chante ce titre en Suisse, le public s’en empare en référence à la ville de Berne. “C’est le double tiroir dans le jeu de mots”, en sourit MC Solaar.
Il cite toujours ses références et rend hommage à IAM dans “La Concubine De L’Hémoglobine”. Le groupe marseillais, pionnier du rap, a tout changé.
“Avant j’étais dans l’ego-trip pour mon rap et puis j’ai entendu Shurik’n (co-leader d’IAM)”. Il chantonne en interview un couplet de “Non Soumis A L’Etat”. “Je me suis dit +Oh punaise, c’est cohérent+”.
Il bascule dans le rap conscient, celui des thèmes sociétaux. Idéal pour cet étudiant en langues étrangères, option philo, boulimique de lectures.
Dans “Dévotion” fuse “L’handicapé a happé l’handicap”. Question peu abordée dans le rap, qui lui a permis de se pencher sur le “sport adapté”.
Youssoupha, celui qui le “surmotivait”
Après 2007, MC Solaar s’est éloigné des studios avant de revenir en 2017 avec “Géopoétique”.
“Quand je ne faisais rien, il y a quelqu’un qui me surmotivait, qui m’envoyait des messages pour me faire revenir à la musique, c’était Youssoupha”. “J’ai envie de faire des trucs avec lui, c’est pour ça que je lui ai envoyé un petit SMS ce matin”.
Nouveau projet sur le feu ? “Je vais regarder le passé, de 1990 à maintenant, essayer de sélectionner ce qui m’a le plus plu dans ce que j’ai fait, en faire une sorte de conglomérat avec des nouveaux titres, faire un truc qui ressemble à toutes mes périodes”. Son logo est une étoile, qui n’a pas fini de brille