La fête des amoureux est aussi l’occasion de revisiter la sexualité de son couple.
Comme chaque année à cette époque, les conseils et mini-sondages fleurissent, des plus coquins aux plus sages, pour aider les amoureux à célébrer leur rencontre. Que l’on fête ou pas la Saint Valentin, ce peut être l’occasion de s’interroger sur la partie la plus cachée de l’iceberg relationnel que forme le couple: sa sexualité. Pour le sexologue américain David Schnarch, il est normal qu’un couple rencontre des difficultés sexuelles, toute la question est de savoir si les partenaires sauront vers qui se tourner: «Nous avons tendance à croire que les autres couples n’ont pas de problèmes sexuels sérieux». En réalité, explique le thérapeute: «Tous les couples, à un moment ou un autre, ont des problèmes sexuels», mais ajoute-t-il, «la réalité c’est que dans cette situation on devient buté et on campe sur ses positions».
D’abord, parce qu’il est difficile d’en parler à ses proches, au risque de trahir ce qui constitue aussi l’intimité de son ou sa partenaire. Ensuite en raison de la croyance que l’on est le mieux placé pour trouver une solution si elle existe. Enfin, parce que pousser la porte d’un sexologue n’est pas une démarche si facile à faire. Il n’y a pourtant aucune raison de se résigner à une sexualité de couple a minima ou, pire, inéluctablement destinée à s’éteindre avec les années.
Réduire le risque d’infidélité
Comment maintenir le désir sexuel dans son couple, est une question fréquemment posée. Mais les solutions des uns ne sont pas celles des autres. Exemple avec la fellation. Il y a cinq ans, l’édition française du magazine «Elle» jetait un pavé dans la mare sous ce titre provocateur: «La pipe, ciment du couple». L’hebdomadaire se basant sur le témoignage de femmes qui disaient s’en servir pour manipuler leur partenaire. De quoi surprendre -et choquer- bon nombre de lectrices du magazine, qui contestaient cette vision utilitaire du sexe.
Pourtant, en 2015, une étude de l’université d’Oakland confirmait que la fellation faisait bien partie des stratégies élaborées par les femmes pour conserver leur partenaire. Pas toutes les femmes, cependant! Uniquement celles qui, ayant un score de «Conscience» élevé au test de personnalité de Botwin (= tendance à être organisée, minutieuse, prudente…), voyaient là un moyen de «réduire le risque d’infidélité du partenaire en augmentant sa satisfaction relationnelle»!
Oublier la notion de performance
Les 400 participantes de l’étude d’Oakland étaient jeunes (autour de 21 ans) et en couple depuis 25 mois en moyenne, ce qui relativise les conclusions, mais l’anecdote de «la pipe, ciment du couple», peut être un point de départ intéressant pour discuter de la satisfaction sexuelle réciproque, dans le couple, quelle que soit son ancienneté. Si l’on peut postuler, au vu des statistiques nationales françaises, que la plupart des partenaires sont plutôt satisfaits sexuellement (note moyenne de 7,1/10 en 2014), la question de savoir ce que l’on fait pour soi, pour l’autre ou pour les deux, n’est pas sans intérêt. C’est aussi l’occasion d’interroger son partenaire sur les désirs qu’il n’ose peut-être pas (plus?) exprimer.
La psychologue Carol Rinkleib Ellisson, professeur à l’université de Californie, souligne que pour passer à ce niveau supérieur de maturité sexuelle du couple, il faut que les partenaires se débarrassent de préoccupations basées sur la performance. Ils doivent s’ouvrir à une communication sincère et bienveillante, tant de leurs propres envies que des désirs de leur partenaire. «Pour être pleinement sexuel, il faut se sentir accepté et non jugé», explique-t-elle.