Le blanchiment dentaire est une pratique esthétique qui suscite de plus en plus l’engouement du public. Mais attention aux techniques utilisées (application de gel à base de peroxyde d’hydrogène, utilisation de lampe) susceptibles d’exposer à des risques pour la santé. Cette technique simple permet d’éclaircir les dents grâce à l’application d’un gel à base de peroxyde d’hydrogène, plus communément appelé eau oxygénée.
Afin de maintenir le gel sur la dent plusieurs heures d’affilées, il est appliqué à l’aide de ce que l’on appelle une « gouttière » amovible à placer sur les dents. Comme le rappelle France Asso Santé, il existe plusieurs façons d’avoir recours aux gels éclaircissants : certains sont en vente libre, notamment sur Internet, et à appliquer seul chez soi, d’autres sont disponibles dans les « bars à sourire » et appliqués sur place et enfin le traitement peut être envisagé sous le contrôle d’un chirurgien-dentiste en cabinet dentaire.
C’est contre cette première catégorie de produits que 60 millions de consommateurs met en garde dans une récente enquête : gare aux arnaques dangereuses !
Selon l’organisme, ces produits sont au mieux inutiles, au pire dangereux. Pour la simple raison qu’ils sont susceptibles de contenir des doses de peroxyde d’hydrogène ou de carbamide (les deux substances utilisées pour éclaircir les dents) bien au-dessus des normes légales.
La législation est pourtant claire dans ce domaine, comme le rappelle une note de la Répressions des Fraudes. Les produits de blanchiment des dents étant considérés comme des produits cosmétiques depuis le 30 novembre 2009, et compte tenu des risques que le peroxyde d’hydrogène peut présenter, sa concentration maximale dans les produits bucco-dentaires vendus directement au consommateur, y compris les produits de rinçage buccal, les dentifrices et les produits de blanchiment ou d’éclaircissement des dents, ou appliqués dans un bar à sourire ne doit pas dépasser 0,1 %. S’il existe des produits contenant de 0,1 à 6 % de peroxyde d’hydrogène ces derniers sont réservés aux chirurgiens-dentistes tandis que les produits dentaires dont la concentration est supérieure à 6 % sont interdits dans l’UE.
Apparition de douleurs, altération de l’émail… des produits à utiliser avec parcimonie
Le premier risque soulevé dans l’enquête n’est autre que l’utilisation de ces gels, seul chez soi, sans aucun contrôle préalable chez un dentiste, peut déclencher de fortes hypersensibilités dues au produit et donc des douleurs. « Le peroxyde d’hydrogène agit plus vite mais induit plus de sensibilité. », précise à 60 millions de consommateurs le Dr Éric Bonnet, chirurgien-dentiste.
Le second tient au fait qu’il est possible également d’aggraver une pathologie existante non diagnostiquée. « Sur une dent cariée, le peroxyde d’hydrogène, même à faible concentration, va pénétrer très profondément et provoquer une mortification, c’est-à-dire une perte de la vitalité. Si vous avez par ailleurs une inflammation de la gencive, il va l’augmenter.», précise à l’organisme le Dr Christophe Lequart, porte-parole de l’UFSBD*. Ce qui explique pourquoi les personnes qui souffrent de troubles gingivaux, de dents cariées ou hypersensibles ou d’émail abîmé, ou encore celles qui portent des couronnes colorées ou n’importe quel type d’appareil dentaire sur les dents de devant se verront déconseiller un blanchiment.
Car une recommandation indispensable consiste à faire vérifier l’état de ces dents par un dentiste avant d’envisager un blanchiment à la maison ou en cabinet. Et même si l’état de ses dents est optimal, il convient de ne pas utiliser en routine les produits de blanchiment, même ceux à concentration autorisée.
En effet, « une trop grande fréquence d’utilisation présente le risque d’abîmer l’émail. », alerte le Dr Lequart. « Lorsque le produit est faiblement concentré (0,1 % au maximum), on peut le faire au maximum deux fois par an. »
Le constat est similaire de la part de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) qui soulignait déjà dans un avis paru en 2011 que les restrictions entourant la distribution et l’usage des produits de blanchiment des dents « est justifiée au regard des risques qui nécessitent un examen clinique préalable et une première application par le chirurgien-dentiste pour chaque cycle d’utilisation. » En cause notamment, « un risque de recoloration plus rapide des dents en cas d’expositions trop longues ou trop fréquentes. »
Gare aux éclaircissements trop rapides et peu uniformes
L’enquête de 60 millions de consommateurs rappelle également que le choix d’application des gels éclaircissants change aussi leur vitesse d’action, directement corrélée aux risques.
Ainsi, si le processus est le même (injecter dans une gouttière le produit blanchissant et laisser agir), le dentiste propose généralement « un blanchiment au bout de deux à trois semaines de port quotidien à raison de 3 heures à une nuit, selon la concentration. », note-t-elle. « Plus l’éclaircissement se fait sur la durée et plus il est doux et pérenne. », y précise le Dr Martine Zisserman, chirurgien-dentiste spécialiste de l’esthétique du sourire. « Mais attention aux promesses d’éclaircissement en quelques minutes de certains bars à sourire. Ils appliquent en réalité de l’acide phosphorique, le produit que nous utilisons pour coller les composites en cabinet. »
Un traitement chez le dentiste permet également de bénéficier d’une gouttière (dans laquelle le produit est placé) thermoformée sur mesure, plus ajustée, offrant donc une sécurité supérieure par rapport celles vendues dans le commerce ou à disposition dans les bars à sourire.
Certes, le coût d’une telle prestation revient plus cher chez le dentiste, mais les résultats risquent d’être moins décevants sachant qui plus est que le blanchiment dentaire ne convient pas à tout le monde. « En effet, les produits blanchissants ne modifient en rien la couleur des couronnes, des composites, etc. On risque donc d’obtenir, par exemple, deux incisives bien blanches à côté d’une couronne sur canine qui restera beige. Par ailleurs, les colorations internes aux dents (dues à la prise d’antibiotiques de la classe des tétracyclines par exemple) ne pourront pas être éliminées par le blanchiment. », conclut 60 millions de consommateurs qui appelle donc à la raison et à la prudence.
Bonne nouvelle cependant pour ce secteur florissant : une enquête de la Répression des Fraudes menée pour s’assurer de la sécurité des produits et prestations proposés montrent que la réglementation est de mieux en mieux respectée. En effet, sur les 21 produits bucco-dentaires analysés mis à disposition du grand public, un seul présentait une teneur en peroxyde d’hydrogène dépassant la limite réglementaire.
*Union Française pour la Santé Bucco-Dentaire