Ils font partie de notre imaginaire érotique et bien souvent nous interrogent… Alain Héril, psychanalyste et sexothérapeute*, nous dit tout.

Pourquoi est-il conseillé de parler de ses fantasmes à son ou sa partenaire ?

En règle générale, c’est bien d’en parler. Cela signifie que la confiance règne dans le couple et que chacun témoigne d’une curiosité et d’une attention à l’égard de l’autre. C’est donc le signe d’une bonne santé sexuelle et d’une bonne entente à deux.

Et comment faire pour trouver les mots ?

Les fantasmes doivent rester un lieu d’imagination et de jeu. Les mots pour les dire arrivent simplement, de façon totalement informelle, dans des moments ludiques, joyeux, des instants suspendus lors d’un tête-à-tête au restaurant, pendant une promenade ou un voyage, à l’abri, bien sûr, des oreilles indiscrètes. Mais pas question de s’épancher lorsque l’on fait l’amour, ces rendez-vous câlins où l’on agit, on ressent, où l’on ne pense plus et où il est souvent inutile d’en rajouter.

Certains sont-ils inavouables ?

Partant du principe qu’un fantasme doit avant tout amuser, taquiner et titiller l’autre, il est inutile, voire gênant, d’avouer un scénario qui va heurter la morale de son conjoint. Pas question non plus de s’en servir pour faire du mal, réveiller des complexes ou des craintes. Une personne par exemple en surpoids n’appréciera pas que son ou sa compagne rêve d’une célébrité sans défauts physiques ; un ou une grande jalouse ne serait pas non plus ravi(e) d’apprendre que l’autre fantasme sur un ou une ex.

Ne faut-il pas cultiver le mystère ?

Dans un couple en effet, on n’est pas obligé de tout se raconter. Parfois, certains fantasmes peuvent donc rester enfouis, pour cultiver cette part de mystère qui séduit et attire l’autre. Quand ils ne sont pas partagés, ils peuvent être d’excellents moteurs qui, dans l’imaginaire lors des plaisirs en solo, augmentent le désir et le plaisir. Comme une espèce de jeu avec soi-même.

 

En quoi peuvent-ils entretenir le couple ?

Quand la sexualité est devenue un peu systématique, sans surprises, se raconter ses fantasmes favorise l’excitation et relance souvent le scénario sexuel, réactive la créativité et la dynamique du désir dans le couple. Car fantasmer, c’est avant tout imaginer, s’évader et oublier le quotidien. Rien de tel pour lâcher prise.

En avons-nous tous besoin pour pimenter notre vie intime ?

Une bonne entente sexuelle repose principalement sur la curiosité, l’envie de jouer et d’innover. Même si les rapports sont agréables, tendres et complices, fantasmer rajoute un petit plus et permet de sortir de sa zone de confort. Parfois, la jalousie, le côté provocateur réactivent la séduction et sont très sains pour le couple. Ils boostent la libido et redonnent de l’appétit.

Peut-on parfois les vivre ?

Les mettre en acte est rare, les fantasmes restent souvent de l’ordre de l’imaginaire. Mais dans un couple solide et complice, on peut parfois aller jusqu’au bout de ses fantasmes, à condition que les deux soient partants. On ne les impose jamais et on ne les accepte pas pour faire seulement plaisir à l’autre.